Connaissez-vous la différence entre une sage-femme et une doula?

Avant de débuter, je tiens à spécifier que le genre féminin a été utilisé dans ce texte afin de faciliter la lecture et n'a aucune intention discriminatoire. Certaines sages-femmes ou doulas ne s’identifient pas comme des femmes et je les supporte entièrement.

Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas, je m’appelle Marie-Claude, je suis une femme, une mère, une professeure de yoga, une artiste et une accompagnante à la naissance (doula).

En fait, depuis que j’exerce mon métier d’accompagnante, je réalise que ce dernier n’est pas clair pour la majorité des gens. Lorsque je dis que je suis accompagnante à la naissance, les gens me répondent souvent : « Ha TU ES SAGE-FEMME!!! » Rares sont ceux.celles qui font la différence, mais pourtant il y en a une énorme.

Bien entendu, il y existe plusieurs similitudes entre ces deux métiers. Nous travaillons avec des familles qui vivent une grossesse, nous pouvons donner des cours prénataux, accompagner des personnes enceintes, vulgariser les termes médicaux avant et pendant une naissance, être présentes sur les lieux de naissance et offrir un suivi postnatal.

 

La sage-femme

Au Québec, une sage-femme doit faire des études universitaires de 4 ans et demi, incluant plusieurs stages, pour avoir le droit d’exercer son métier. Elle fait partie d’un ordre, est considérée comme professionnel de la santé à l’emploi de l’Etat. Elle pratique dans un établissement de santé, soit une maison de naissance ou, depuis 2004, à domicile. Elle peut réaliser des actes médicaux, prescrire des échographies et des tests de dépistage. La sage-femme assume 100% la responsabilité de la santé, de la femme qui accouche et de son bébé.

Généralement, elle travaille en équipe, et est susceptible, tout comme l’obstetricien.ne de suivre plusieurs grossesses à la fois. C’est pourquoi, dans la majorité des cas, la sage-femme ne reste pas dans la chambre avec le couple tout au long de l’enfantement. Souvent, elle fait des allers-retours en s’assurant que tout va bien. Ce ne sont pas toutes les sages-femmes qui offrent une présence en continue, car elles ont plusieurs tâche à gérer : prendre des notes, assister à une autre naissance, effectuer des retours d'appel et prendre des rendez-vous de suivi avec d'autres familles, etc.

Son métier se rapproche d'un suivi avec un médecin, gynécologue ou obstétricien, mais offre des rendez-vous plus longs et une approche différente. Ses services sont sans frais.

La doula

La doula est une personne-ressource qui se spécialise dans la périnatalité. De son côté, elle a plus de flexibilité dans ses fonctions. Certaines doulas sont massothérapeutes, d’autres travailleuses sociales, sexologues ou encore professeures de yoga. Certaines sont mères et d’autres non. Pour être accompagnante à la naissance, il faut suivre une formation de base au privé, puis, pour la marorité, continuer de se former selon les champs d’intérêt, ttel que ’allaitement, le sommeil du bébé, l’hypnose, la nutrition, etc.

Lorsqu’un couple désire qu’une doula soit présente pour la naissance, celle-ci les accompagnera au lieu d’enfantement choisi soit à l’hôpital, en maison de naissance ou à domicile.

Faire le bon choix


Il est important de choisir de facon éclairée, sa doula, car c’est quelqu’un avec qui un lien privilégié s’établi pendant plusieurs mois. Elle apprend à connaître le couple , dans ses choix et ses désirs, et elle l’informe, l’outille pour l’aider à respecter chacun de ses choix. Elle est là pour s’assurer et que le couple se sente toujours en sécurité.





Sur le lieu de naissance, elle est votre pilier, si c’est ce que vous attendez d’elle. Elle est le regard rassurant, bienveillant, les mots d’encouragement, c’est elle qui va  au-devant. Parfois, grâce au lien qui s’est créé entre vous, une grande complicité devient possible. Son bagage lui permet d’intervenir sur plusieurs aspects tant physiques, psychologiques qu’émotionnels. Le fait de connaître les parents depuis un moment aide la doula à mieux comprendre ce que vit la femme qui enfante. Elle pourra ainsi trouver les mots pour apaiser ses peurs, ses doutes et lui donne la force dont elle a besoin pour persévérer.




Pour pouvoir être accompagné par une doula, il faut payer, sauf dans certains organismes qui offrent le service gratuitement. C’est une démarche qui coûte entre 600$ et 1500$ (détails ici) , selon la région et les services inclus lors de l’entente avec elle.




Elle aide aussi le.la partenaire tout au long de la naissance. Elle rappelle certaines informations sur les procédures médicales et éclaire sur les positions et façons possibles de soulager celle qu’il.elle aime. Elle peut prendre sa relève lorsqu’il.elle a besoin de manger, de fermer les yeux un instant ou se sent dépassé.e. Elle ne prend JAMAIS sa place, mais est toujours là au besoin. Elle est son ombre.

Peut-on avoir les deux?

-       « Mais alors, si j’accouche en maison de naissance, est-ce que la présence d’une doula est utile? »Seule toi connais la réponse. Qui as-tu envie d’avoir avec toi pour te sentir en confiance et en sécurité?

Une naissance est un moment intense et magnifique. Plus tu es entourée, meilleures seront tes chances de vivre l’enfantement dont tu as envie. Saches que ta doula a sa place durant l’accouchement et qu’elle peut travailler avec une sage-femme ou un.e médecin, en toute harmonie.

L’histoire de Stéphanie

 

Mon but n’est pas de vous convaincre que mon travail est essentiel. Il ne répond pas aux désirs de tous les couples; chaque personne qui accouche à sa vision, mais surtout ses besoins.

J’ai demandé à Stéphanie de raconter son histoire, car elle a connu deux accompagnements de naissance différents et je trouve pertinent qu’elle nous parle de son expérience. Vous découvrirez que pour elle, autant les accompagnantes que les sages-femmes sont essentielles aux naissances.

Allô! Je m’appelle Stéphanie et j’ai trois enfants : Edmond 5 ans, Estelle 3 ans et Clément 8 mois. Mes deux premiers bébés sont nés à l’Hôpital Lasalle, à Montréal. Mon conjoint et moi avions alors une accompagnante à la naissance. Une décision que nous avions prise au départ simplement pour bénéficier de cours prénataux privés, personnalisés et dans le confort de notre maison. Déjà un grand plus!

 

Et puis, au fil des rencontres, une nouvelle vision de l’enfantement s’ouvrait à nous qui étions bien novices en la matière: nous accédions à la connaissance nécessaire pour faire des choix éclairés. Un lien fort s’établissait avec cette femme douce et à l’écoute et je prenais confiance en moi, en mon corps, pour accoucher mon bébé. Je n’avais plus peur, je me sentais forte et dans mon plein pouvoir, en grande partie à la suite des échanges avec ma doula.

 

Puis 5 ans plus tard…

 

Confiante de mes deux premiers accouchements, j’ai ardemment souhaité un suivi sage-femme pour mon troisième bébé. Leur approche correspondait en totalité à ma vision de l’enfantement. La bienveillance et l’attention de ma sage-femme jumelées au bagage que j’avais de mes deux accouchements précédents, j’ai pensé que cette fois, je n’avais pas besoin d’une doula – que ma sage-femme jouerait ce rôle!

 

C’est ainsi que j’ai enfanté une troisième fois, dans ma maison, entourée de mon conjoint, mes enfants et ma sage-femme.

 

Ce fut un bel accouchement TOUTEFOIS, si je pouvais le revivre, j’ajouterais une accompagnante comme alliée. Elle est la protectrice de la maman, du couple. Elle veille à son bien-être, de façon holistique : émotions, ambiance, mouvements, etc.. C’est elle qui chouchoute avec des massages, des huiles essentielles, des chandelles, qui propose de nouvelles positions, qui nourrit, qui a pensé à la petite collation bien méritée une fois bébé arrivé, qui supporte le conjoint qui est déjà bien occupé!

 

Ma sage-femme n’a rien fait de tout cela. Elle était empathique et à l’écoute, mais sa priorité était de veiller au bon déroulement physiologique de l’accouchement. Elle installe son matériel, prend le pouls de bébé, fait des manipulations si nécessaire. Dans mon cas, comme tout se passait bien, elle est restée majoritairement à l’écart à observer la scène, non pas passive, mais à l’affût de moindres indications qu’une complication pourraient subvenir.

 

Pas de massages, pas de chandelles, d’huiles essentielles, pas de prise de relais pour mon conjoint (ex. pour les points de pressions !!). Comme c’était mon troisième accouchement, j’avais une idée bien précise du cocon que je souhaitais créer. Si je l’avais préparé avec une doula, elle m’aurait certainement fait des suggestions intéressantes et je lui aurais délégué le rôle de reproduire cette ambiance lors du grand jour.

 

J’aurais pris une accompagnante aussi pour libérer mon conjoint. A mon accouchement mon homme devait : communiquer avec les SF, gérer le matériel (accouchement à la maison), les enfants, etc. Il avait du temps pour moi, mais pas autant que je l’aurais souhaité. Il n’a pas pu porter l’attention que je souhaitais à l’ambiance, par manque de temps. Il en parle encore aujourd’hui : il s’est senti extrêmement sollicité, au lieu de VIVRE vraiment cette aventure. Lui aussi aurait préféré avoir une doula.

 

Sans oublier qu’une accompagnante, au fil des rencontres, devient une amie, une partenaire. Tu peux la contacter à la moindre question et plus fréquemment qu’avec une sage-femme, qui demeure une employée du réseau de la santé! Qu’elle peut offrir des rituels significatifs avant et après l’accouchement pour marquer ce passage unique dans une vie de femme, du couple.

 

Avec Marie-Claude, j’ai comblé mes désirs de rituels postnatals et pré natal – mais sa présence lors de mon accouchement aurait eu un impact inestimable, impact que j’ai réalisé après coup!

Bref, une sage-femme et une doula n’occupent PAS DU TOUT les mêmes fonctions. Elles sont complémentaires au même titre que le médecin et la doula en milieu hospitalier.

 

Stéphanie

 

Il est évident que Stéphanie a son propre vécu. Certaines sages-femmes participent plus activement que d’autres. Comme elle l’a dit, la sage-femme faisait bien son métier et contribuait à lui offrir une expérience mémorable, mais, elle  et son conjoint,  auraient voulu plus de présence et de support. Dans le cas de Stéphanie, c’est ce qu’une doula aurait pu faire.

 

A mes yeux, ces deux métiers sont aussi importants l’un que l'autre. Si tu souhaites accoucher en maison de naissance et que tu réussis à y avoir une place, une sage-femme peut contribuer à t’offrir une expérience magnifique, souvent plus holistique, naturelle et dans une ambiance plus chaleureuse qu’à l’hôpital. Bien qu’elle soit dévouée et passionnée, Si tu dois transférer à l’hôpital, certaines suivent et d’autres ne peuvent pas.

Parles-en avec elle et vois si tu ressens le besoin qu’une accompagnante fasse partie de l’aventure avec vous.

 

Voilà! 

J’espère que mes explications auront clarifié la différence entre ces deux merveilleux services!!

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Une Doula ça vaut combien?